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  • Madeleine Hamel

Vous aurez beau garder l’enfant d’un autre, ça ne fera pas de vous une mère!

Dernière mise à jour : 26 oct. 2023


J’ai la mâchoire bloquée.


Je suis dans le bureau de ma formidable ostéopathe. C’est mon 3e traitement. Les choses s’améliorent mais l’affaire n’est pas encore ketchup! Lors du premier traitement, elle m’avait dit que j’étais tellement crispée dans ma tête qu’il fallait que ça descende au niveau du ventre. Elle ne savait pas ce que je vivais. Elle m’avait simplement demandé si j’étais stressée. J’ai éclaté de rire en lui disant non. C’était sarcastique. J’ai juste répondu que je devais prendre des décisions. Elle m’a dit que je n’avais qu’à les prendre lorsque je les sentirais au lieu de les raisonner.


Je suis repartie complètement démantibulée. C’est comme si un camion m’avait frappée en pleine gueule. J’ai passé la journée effoirée dans mon fauteuil, le pot d’Advil sur la table, tous les muscles et les articulations du visage en berne. J’ai été en shot down pour les 2 jours qui ont suivi. Puis, j’ai remonté la pente en mangeant du mou. J’ai pas oublié ce qu’elle m’a dit. Depuis, le travail se fait autant à l’intérieur qu’à l’extérieur.


Ce matin, j’arrive à son bureau et plutôt que de commencer par le traitement, on jase un peu. Je lui parle des rencontres et des réflexions que j’ai faites depuis la dernière fois qu’on s’est vues. Il y en a un qui m’a raconté les histoires que l’acquisition d’une de mes toiles a générées parmi les personnages qu’il a accumulés durant toute sa vie. Il y a aussi une amie dont le conjoint a possiblement un cancer. Et une autre qui est déjà à une croisée des chemins sur ce qu’elle veut vraiment après juste un an qu'elle se soit lancée en affaires. Il y a tous les gens que j’ai rencontrés lors de la fête de ma retraite et qui m’envient de faire ce que je veux quand je le veux (maudit, qu’on paraît bien de l’extérieur)! Il y a la maison et la galerie qui me grugent de l’énergie. Il y a les photos paradisiaques de la Grèce que m’envoie mon conjoint et qui me font me demander pourquoi je suis en train de ramer à contre-courant alors que je devrais être auprès de lui en train de naviguer et me la couler douce, de me bourrer la face de sa présence et de tous ces beaux paysages, à me laisser inspirer par eux au travers mes toiles avant de disparaître. Il y a toutes ces petites choses du quotidien que je me mets sur les épaules et qui me font grimacer la plupart du temps. Il y a toutes ces décisions que je prends à contrecœur. Il y a toutes ces fois où je fais plaisir aux autres plutôt que m’écouter et me respecter.


Je confie à mon ostéopathe que depuis qu’elle m’a dit qu’il fallait que ça descende, je n’arrive pas à le faire. Elle me répond avec un beau sourire que depuis une demi-heure qu’elle m’écoute, je n’ai fait qu’apporter des réponses à mes questions. Pour elle, tout est clair et je me rends soudain compte pour la première fois que j’ai MES réponses. Elle me demande pourquoi je ne mets pas en action mes décisions. Je me rends compte que ce ne sont pas tant les décisions qui sont difficiles que les conséquences qu’elles apportent : décevoir les autres, le jugement des autres, alors qu’en aucun temps je suis obligée de me justifier. C’est ma vie, après tout!


Je lui réponds que, généralement, j’attends d’avoir un plan B avant de fermer la porte au plan A. Elle rétorque que le contraire n’est pas désastreux. Dit de même, ça peut parfois ouvrir des portes qu’on croyait fermées à double tour.


Mes préoccupations m’éloignent de ma créativité. J’ai envie de terminer mon livre sur le processus créatif, de finaliser ma conférence, de peindre comme bon me semble. Et malgré tout cela, je n'ai aucune idée de l'aboutissement de ces projets.


Mais tout est bloqué, comme ma mâchoire. Je serre trop les dents. Rien ne me nourrit et je ne me sens pas épanouie dans ce que je fais. Tout va à l’encontre de mon désir de ralentir, d’adopter un rythme qui me respecte. Je tire partout et j’appelle cela la cible. Je me perds de vue alors que je mets tout le monde dans ma mire, sauf moi, ou si peu… Comme une neurasthénie (état durable d’abattement accompagné de tristesse) que je combats sans cesse en me bottant le cul et m’infligeant des tâches qui ne me satisfont pas mais qui m’occupe ailleurs. On pourrait dire ça de même…


Pour imager la patente, on pourrait dire que je m’occupe des enfants des autres, plutôt que du mien, ce qui ne fait pas de moi une mère pour autant, tant que je ne m’occuperai pas de « mon enfant intérieur».


J’entends déjà les commentaires des gens : « Ouin…, mais c’est quoi le rapport avec l’art? ».


Bien, je vais vous répondre :

1- Peut-être pas grand-chose à prime abord parce que je ne suis pas dans la peau des autres pour définir à leur place ce que l’art veut dire pour eux.

2- Par contre, je sais que l’art, ou peu importe l’activité que l'on fait, doit être quelque chose qui nous nourrit et nous épanouit. Je prends pour exemple mon conjoint qui, bien qu’à la retraite, ne compte plus les heures hebdomadaires qu’il met dans la préparation de sa navigation et des cours qu’il donne. Et quand il fait ça, il est heureux et il ne passe pas son temps à me faire chier. Moi, je me surprends à compter encore mes heures bien souvent et j’en fais damner une couple. Je suis chiante mais je me soigne…


J’en arrive à un constat où ma créativité se retrouve bloquée et ça m’inquiète. Je sais, dans mes nombreux articles, j’ai écrit comment la créativité n’était pas un long fleuve tranquille et linéaire. Mais quand le manque de créativité s’étire sur une longue période et, qu’en plus, ça commence à vous faire suer, c’est peut-être le signe que les choix qu’on a faits ne correspondent plus à la place où vous devez être, ce que j’appelle « être sur son X ». Je dirais que présentement je suis partout, sur mon W, Y, Z, mais pas sur mon X, ça c’est sûr!

Work in progress….

Mado



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