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  • Madeleine Hamel

Moi pis les égos d'artistes... c'est 2!

Dernière mise à jour : 26 oct. 2023



Ouin… faut que je fasse un coming out ce soir : moé pis les égos d’artistes là…. C’est deux!!!


Tranche de vie : avant de peindre, j’écrivais. Je venais de vivre « an affair » (comme disent les anglophones) avec un journaliste de guerre. Je peux bien en parler maintenant (non, ne me demandez pas son nom) parce qu’il s’est suicidé il y a quelques années. Donc, je venais de vivre « an affair » avec un journaliste de guerre (si vous avez quelques heures à me consacrer, je vous raconterai). J’ai donc écrit un essai sur cette histoire. Mais comme il était toujours vivant à l’époque et que je ne pouvais pas publier sans son consentement (et que je ne voulais pas qu’il décide du restant de ma vie), j’en ai fait un roman et j’ai changé les noms.


J’ai donc fait la tournée des éditeurs et je me suis butée à plein d’obstacles dont je vous épargnerai également les détails. L’essentiel est de savoir que cette « tournée » a été très instructive pour moi et mon égo. De romancière que je croyais être, j’ai pris une maudite débarque qui m’a enseignée sur le reste de mon parcours, à savoir que l’humilité n’est jamais de trop dans une vie! Malheureusement, les gens se surestiment souvent sur leur potentiel. Non pas qu’il faille se sous-estimer constamment, mais il y a une marge entre se flageller et prendre les choses de façon personnelle quand on est refusé lors d’un quelconque appel de dossier d’artiste.


Je dis « quelconque » parce qu’en bout de ligne, il s’agit d’une expérience parmi tant d’autres. Je me rappelle la première fois que j’ai exposé à la galerie d'art (avant d’être co-propriétaire), ma future associée m’avait dit : « Si tu t’inquiètes à savoir si tu vas vendre ou pas, tu vas être malheureuse pour le restant de tes jours »). Ça m’a assis ben raide! Ça m’a appris l’humilité, mais aussi le relativisme, à savoir que, tout comme dans l’écriture, il s’agit avant tout d’un coup de cœur. Au-delà du fait que c’est bien fait (i.e. bien rédigé ou bien dessiné), il y a un coup de cœur qui prime. L’éditeur (ou le galeriste, c’est selon), y va de son instinct, de son expérience et de ses compétences pour évaluer si une œuvre a «une vie ».


Ce n’est pas parce que vous êtes refusé que vous êtes mauvais. C’est peut-être juste que c’est parce que vous ne correspondez pas aux critères exigés par la galerie ou l’éditeur, au fil conducteur qu’elle se donne. (i.e. originalité, maîtrise d’une technique, etc.). Donc, il ne faut pas se décourager malgré les refus. Il faut persister tout en prenant les conseils qui nous parlent. Certains conseils ne vous seront d’aucune utilité, tandis que d’autres vous aideront à cheminer. L’important est de vous trouver un mentor en qui vous avez confiance et qui ne fait pas qu’encaisser le montant exigé pour l’atelier ou la formation, mais qui s’investit à vous « former ». Trouver un mentor afin de ne pas s’isoler dans son essence et se retrouver piégé, chemin royal vers l’obsolescence.


Cependant, il faut être conscient qu’on a beau « manger » des techniques, il faut aussi prendre le temps de les ingérer, de pratiquer, et cela demande du temps. Le temps, ça prend combien de temps? Ça dépend… de vous, de votre réflexion, d’un tas de choses. Mais du temps, c’est du temps! Je peux pas vous dire autre chose que ça.


Souvenir : j’ai un client dans mon bureau. Il vient parce qu’il ne sait pas quoi faire de sa vie. Je lui propose d’explorer quelques avenues et de voir quels seront ses feelings par rapport à ça. Surpris de ma proposition, il rétorque qu’étant LA professionnelle, je suis supposée savoir et lui dire ce qu’il va faire dans sa vie. Je lui réponds que, malheureusement, ma baguette magique est brisée et que je ne peux pas lui jeter un sort. Face de chevreuil de sa part pendant quelques secondes avant de réaliser que c’est lui qui est maître de son destin et que je ne suis qu’une accompagnatrice qui l’éclaire sur certaines choses évidentes qu’il ne voit pas, trop aveuglé par l’ampleur de sa tâche. C’est comme quelqu’un qui a le nez collé sur la tache sur un mur au point qu’il croit que la tache recouvre le mur. Mais s’il se recule, qu’il se distancie un peu de ce qu’il voit, il verra apparaître un simple petit point, à peine perceptible, sur un mur immense. C’est toujours une question de perspective… Parfois, il est nécessaire d’avoir un accompagnateur dans le chemin de sa vie. On est là pour ça.


Donc, pour revenir à mon propos du début, les égos d’artistes qui sont insultés de ne pas avoir été « choisis » me surprennent toujours. Je demeure constamment sceptique face à ces réactions et cela m’indique souvent que j’ai eu raison de prendre une distance face à mon sentiment qu’ils avaient du chemin à parcourir sur la route de la maturité.


Je ne sais pas si j’arriverai un jour à m’asseoir sur ma crédibilité d’être une artiste accomplie et de ne plus me questionner à ce sujet, mais ma formation m’a appris à toujours me poser des questions que les réponses ne viendront jamais « endormir ». J’ose espérer que c’est une bonne définition de ce qu’est « grandir » et de ne pas « s’éteindre ».


Donc, si vous êtes refusé pour une exposition ou un symposium, n’arrêtez pas d’explorer et vous mettre en danger. Mais je sais, c’est tellement plus facile à dire qu’à faire….


Mado

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