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  • Madeleine Hamel

L'art permet de savoir qu'il faut luncher ailleurs

Dernière mise à jour : 26 oct. 2023


Une joie de se permettre d'être soi-même, positif ou négatif. Je n'avais pas été transformée par miracle. Et, d'ailleurs, je n'ai jamais vécu heureuse après cette transformation. J'ai souvent eu peur. (Liv Ullmann, Devenir)

Combien de fois ai-je entendu quelqu'un me dire qu'il n'avait aucun talent, aucune créativité? Encore cet après-midi, une jeune femme arrive à la galerie et me dit qu'elle passe souvent devant sans jamais oser s'arrêter. Pour la première fois, elle y entre. Les ateliers que nous offrons l'intéressent vraiment, mais elle s'empresse de me dire qu'elle n'a VRAIMENT aucun talent.

Quand j'entends ça, je me demande toujours à partir de quels fondements elle base son talent? Cette personne a-t-elle suivi des cours dans lesquels son talent a été évalué négativement? Y a-t-il des gens dans son entourage qui l'ont encouragée ou découragée? A-t-elle eu un environnement favorable pour développer sa créativité?

On peut passer une vie à croire qu'on n'a aucun atome crochu pour les arts. Je le sais, je suis l'exemple parfait pour avoir eu un père, artiste, qui a découragé mon talent peut-être parce qu'il se sentait menacé dans le sien. Ça prend parfois des années - toute une vie - pour comprendre que notre parent n'était pas omnipotent et qu'il avait des faiblesses comme tout être humain.


Le mien avait traîné une blessure narcissique qu'il n'a jamais pu régler. Il est mort dans une parfaite angoisse. Ça m'a marquée parce qu'au terme de sa vie je n'ai retenu, pendant longtemps, qu'un visage d'homme terrorisé, alors que j'aurais souhaité que mon dernier souvenir de lui soit apaisant lorsque viendraient les choix suivants dans ma vie. Or, ce ne fut pas le cas; j'ai dû me construire seule. Le travail ne fut pas de tout repos, ni pour moi, ni pour mon entourage. Ce que j'ai pu leur faire endurer, ce n'est pas "disable"!

"Être l'enfant de…", c'est toujours difficile à la base. Mais "être l'enfant de…" quelqu'un qui est narcissiquement blessé, c'est monstrueux parce que soit il faut se démarquer (donc se poser en s'opposant), ou abdiquer. Dans les deux cas, ça demande une énergie considérable. Il faut être fait fort pour en sortir résilient et équilibré. Je salue ici des tas de gens que je connais et dont le parcours a été semé d'embûches: des gens plus vieux, du même âge et plus jeunes que moi (maudit!! Ça change-tu un moment donné??). Il demeure que, somme toutes, ce sont les gens les plus intéressants. Des parcours non linéaires. Mais, en même temps. je ne peux que frémir à l'idée que ma fille ait dû se frayer un chemin parmi tous les amoncellements de détritus dont elle a hérités. Mais elle a réussi et j'en suis fière!

Je mentirais que de dire que la créativité sauve de tout. Mais j'aime à croire qu'elle permet souvent une rencontre avec soi-même qu'il ne faut pas manquer. Un genre de déclic qui dit: "Hey, réveille et centre-toi sur toi-même, juste un moment".

Plutôt que de se défouler sur les autres et les tenir responsables de nos malheurs, l''art ouvre la porte pour "savoir luncher ailleurs".


Mado

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