top of page
Rechercher
  • Madeleine Hamel

L'art c'est sauver sa peau

Dernière mise à jour : 26 oct. 2023



Tranche de vie : ça se passe il y a environ 35 ans. Je suis dans la deuxième partie de ma vingtaine. Je rencontre « LE » gars comme je les aime : plus de 6 pieds, une Caramilk à la place de la bedaine, un « six pack » comme on dit chez nous, un regard de feu, un sourire à faire craquer… Love at first sight!


Pas trop long qu’on jase à l’horizontal (jaser étant un bien grand mot!). Pas trop long avant qu’il s’installe dans mon antre (moi qui ne laisse habituellement pas entrer grand monde). Et pas trop long avant que je me rende compte que c’est un méchant malade (du genre psychopathe). Pas trop long avant que je commence à mal filer aussi… Me retrouve chez le docteur et j’apprends que mon chum me trompe parce que le médecin m’annonce que j’ai une « dose » (i.e. une ITS).


Moi : « Ben voyons, ça se peut pas, je suis fidèle! » (en même temps, je me dis : « Niaiseuse! T’entends-tu?»).


Réponse du docteur : « Vous, oui, mais votre conjoint…. »


Moi : Face de chevreuil pendant un boutte….


Encore aujourd’hui, il m’arrive rarement de raconter ce pan de vie, mais lorsque je le fais, c’est comme si c’était arrivé à quelqu’un d’autre. Pourtant, ça fait partie de ma vie. J’en ai pas honte. C’est une expérience qui a marqué ma vie parce que ça a été en partie l’assise de la confiance que j’ai pu mettre en L’autre. Pour faire suite à cette histoire, je sais même pas s’il est vivant aujourd’hui, pis, si j’apprenais qu’il est mort, ça me ferait même pas un pli sur la différence, c’est vous dire!


Ont suivi trois ans de traitement pour la prévention du cancer. C’était il y a 35 ans. J’ose espérer qu’aujourd’hui les traitements sont moins souffrants et plus efficaces, mais à l’époque, c’était une maudite affaire! Les traitements à l’azote liquide, c’était du solide!!! Tu souffrais en « sacrament »! J’avais même pas 30 ans pis je me sentais une vieille âme en dedans. Dans la salle d’attente de l’hôpital, je côtoyais des femmes plus âgées que moi, pour la plupart, et qui me regardaient en se demandant ce que j’avais. Quand je suis revenue à la maison, j’ai eu en prime la colère de mon psychopathe de conjoint qui s’est arrangé pour me mettre ça sur le dos. Je vous ferai pas de dessin mais ce ne fut pas un moment agréable…


Mon corps et mon âme n’ont jamais oublié la douleur pas seulement physique, mais psychologique, de se sentir trahie, humiliée, rejetée dans tout ce que j’étais. Mon amour, à sens unique, bafoué. Ça réveille sa fille… Un moment brutal de la vie où tu frappes un mur en pleine face et où rien ne console…


Si je m’étais ouverte à l’art à ce moment-là, je demeure convaincue que j’aurais plus facilement passé au travers. Pas que ça aurait été miraculeux et que ça aurait effacé cette atroce expérience, mais ça m’aurait sauvé la peau quelque part et j’aurais passé plus vite à autre chose dans ma vie, parce que les mots ça sauve pas toujours des maux et que, parfois, il faut passer par un autre chemin. Je ne dis pas que l’art guérit à tous les coups, mais c’est une soupape pour la souffrance. Ça ne l’éradique pas, mais ça la rend plus supportable.


Pour le dixième anniversaire d’Artistes de Cœur cette année, mon associée et moi allons donner un atelier à 12 femmes qui ont vécu une expérience d’hébergement dans une maison pour femmes vivant de la violence. Ces femmes vont créer chacune une toile qui sera exposée lors de la 10e édition d'Artistes de Coeur qui se tiendra du 27 novembre au 2 décembre 2018.


Bien hâte d’être là avec elles, de vivre cette expérience de partage et de constater le résultat! Et j’espère que vous viendrez voir ce que ces femmes ont réalisé à partir de leurs expériences vécues.


« Artistes de cœur », c’est pas juste un titre qui chapeaute un événement. C’est des milliers d’expériences de vie qui veulent se dire.


Mado

5 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout
bottom of page